Naufrage
Exposition
présentée du 10 au 2 juillet 2011
Fabrice
Parizy travaille essentiellement sur des œuvres réalisées in situ, c'est-à-dire
spécialement conçues en fonction de l’espace d’exposition. Son tout nouveau
projet justement intitulé Naufrage plonge l’Assaut de la Menuiserie dans le
bleu, celui des romantiques, celui de l’infini, celui de l’évasion… Le visiteur
est acteur de cette transformation spatiale, du sol qui se dérobe aux salles
d’expositions inondées…
"Le
bleu ne fait pas de bruit.
C'est une
couleur timide, sans arrière-pensée, présage, ni projet, qui ne se jette pas
brusquement sur le regard comme le jaune ou le rouge, mais qui l'attire à soi,
l'apprivoise peu à peu, le laisse venir sans le presser, de sorte qu'en elle il
s'enfonce et se noie sans se rendre compte de rien.
Le bleu est
une couleur propice à la disparition.
Une couleur
où mourir, une couleur qui délivre, la couleur même de l'âme après
qu'elle s'est déshabillée du corps, après qu'a giclé tout le sang et que
se sont vidées les viscères, les poches de toutes sortes, déménageant une fois
pour toutes le mobilier de ses pensées.
Indéfiniment,
le bleu s'évade.
Ce n'est
pas, à vrai dire, une couleur. Plutôt une tonalité, un climat, une résonance
spéciale de l'air. Un empilement de clarté, une teinte qui naît du vide ajouté
au vide, aussi changeante et transparente dans la tête de l'homme que dans les
cieux.
L'air que
nous respirons, l'apparence de vide sur laquelle remuent nos figures, l'espace
que nous traversons n'est rien d'autre que ce bleu terrestre, invisible tant il
est proche et fait corps avec nous, habillant nos gestes et nos voix. Présent
jusque dans la chambre, tous volets tirés et toutes lampes éteintes, insensible
vêtement de notre vie."
Extrait de
Jean-Michel
Maulpoix,
Une
histoire de bleu
Gallimard,
1998