Simon Feydieu / Marc Geneix / Sébastien Maloberti
du 18 novembre au 11 décembre 2011
Carte blanche à In extenso
Dans le cadre d’un échange artistique avec l’Assaut de la
Menuiserie
Exposition présentée en Résonance avec la Biennale de Lyon
2011
L’Assaut de la Menuiserie et la galerie In extenso
(Clermont-Ferrand) ont choisi de réaliser en 2011 un échange artistique. Une
première exposition conçue par l’Assaut de la Menuiserie a été présentée du 17
juin au 15 juillet dernier à Clermont-Ferrand intitulée Ce que je vois (whoo
hee ha ha) avec Nicolas Moulin, Jean-Michel Alberola, Wandrille Duruflé et
Olivier Millagou. C’est au tour d’In extenso de venir présenter un projet
d’exposition à l’Assaut. Marc Geneix et Sébastien Maloberti ont choisi de
montrer leur dernier travail aux côtés de Simon Feydieu, dont la pratique
artistique se rejoint par une utilisation de matériaux simples illustrant des
thèmes liés à la forme, à l’espace et aux questionnements liés à l’art et à la
vie contemporaine. Misant sur les télescopages possibles entre les œuvres, In
extenso rejoue le Salon d’Automne avec une certaine dose d’ironie, mais aussi
le côté jouissif et intuitif de sa façon de penser l’exposition collective.
SIMON FEYDIEU
Le rapport à l’art de Simon Feydieu est conditionné par sa
pratique de sculpteur mais aussi en sa qualité d’amateur d’art. Aussi toutes
les formes qui participent à l’exposition et à la circulation des oeuvres et à
leur désignation nourrissent son lexique de forme.
Simon Feydieu se considère comme un opérateur de l’art et
l’envisage systématiquement du point de vue du sculpteur. Si Yoon Ja & Paul
Devautour, qui proposèrent ce terme en 1985 comme position de leur pratique
dans le champ artistique, privilégient le commissariat et la collection, ce
jeune artiste expérimente directement les porosités et l’autonomie de certaines
œuvres, qu’il produit ou emprunte indifféremment, via des jeux d’associations
libres et de variations formelles.
Par le déplacement des enjeux du commissariat du champ de
l’espace à celui de l’objet, il n’est plus question de réunir et de spatialiser
des oeuvres, de les intégrer à une scénographie, mais de les instrumentaliser et
de les confronter dans des formats denses. Cette mise en abîme d’un espace
d’exposition permet l’émergence et la multiplication des opérations
interventionnistes.
L’appropriation d’oeuvre plastique aussi bien que
photographique ou littéraire questionne la notion d’exposition personnelle et
celle d’auteur, et enrichit progressivement le lexique formel de l’artiste.
Si l’exercice appropriationniste a souvent permis d’affirmer
des positionnements générationnels, Simon Feydieu, par prédilection, prospecte
parmi les artistes qu’il rencontre; il est d’avantage question de glaner des
formes, dressant ainsi une cartographie parcellaire de ses tribulations, que
d’obéir à un exercice de distanciation critique.
Entre hommage et irrévérence, Simon Feydieu joue avec les
modalités d’exposition et d’accrochage et insère des interférences dans les
protocoles de production des oeuvres; comme si la multiplication des acteurs du
milieu de l’art et l’émergence concomitante de nouvelles problématiques
(conservation, médiation, diffusion, acquisition, publication...), qui depuis
la modernité accompagnent le caractère protéiforme et transgressif de la
création, engageaient l’artiste à se positionner dans un interstice de
participation variable. Malgré la spécialisation et la professionnalisation de
ce milieu, l’artiste reste une sorte d’électron libre généraliste, un
participant nécessaire, fragile et tributaire, opérant des intrusions
sporadiques dans le processus de monstration.
MARC GENEIX
Brèches incisives, cassures sémantiques, creux effrayants et
parfois même violents, les yeux évidés de certains personnages du Scénario de
l’inéluctable(1) plus que l’absence d’un regard mettent en évidence
l’efficience d’une vision. L’acuité visuelle de Marc Geneix est faite d’une
mécanique complexe et introspective, elle est le moteur d’une entreprise de
reformulation où des images collectées par l’artiste vont être remodelées,
transformées, voir effacées. Si l’écriture et le langage ont longtemps été
utiles à l’élaboration de sa démarche(2), il semble que les formes que Marc
Geneix livrent aujourd’hui au public se simplifient et se déchargent également
de leur gravité politique pour acquérir un nouveau poids.
Quelque chose d’émouvant a progressivement pris le pas, à
l’exemple de cette Tentative d’effacement d’une page du monde(3) à la fin de
laquelle ne subsiste qu’un lambeau de peau. Déjà dans la série des témoins(4),
les regards cernés d’une surface recouverte de noir semblaient s’extraire du
néant dans une entreprise lazarienne(5). Il ne faudrait pourtant pas limiter le
travail à l’intelligence de cette part d’ombre car l’émotion ressentie vient
également de l’extrême ambivalence de ce qui nous est présenté. L’ambigüité et
une certaine confusion semblent être manipulées avec soin pour que le contour
de chaque œuvre puisse rester flou et capable de faire basculer leur lecture.
Ces possibles basculements sont sans doute une des
principales préoccupations de l’artiste, ils se fabriquent au bénéfice d’une
archéologie du quotidien : « Des couches innombrables d’idées, d’images, de
sentiments sont tombées successivement sur votre cerveau, aussi doucement que la lumière. Il a semblé
que chacune ensevelissait la précédente. Mais aucune n’a péri »(6). Au
contraire même, elles communiquent entre elles par le biais d’un réseau aux
canalisations souterraines qu’exploite habilement Marc Geneix. L’impertinence
des combinaisons formelles où s’associent par exemple l’image d’un verre et
celle d’une bouche d’égout n’a d’égale que la qualité poétique qui s’en dégage.
Les œuvres de Marc Geneix sont multivoques et c’est sans doute pour cela qu’elles
semblent nous observer avec des regards si familiers.
Martial Déflacieux, 2010
Notes
1 Le scénario de l’inéluctable, 2009
2 Je pense notamment à Monde, voir l’illustration ci-jointe.
3 Tentative d’effacement d’une page du monde, journal
effacé, 2009.
4 Les témoins, série, 2009.
5 Pour les chrétiens Lazare fut ressuscité, son image hanta
la littérature de Zola comme une figure d’une résistance face à la mort.
6 Les paradis artificiels, Charles Baudelaire, chap. VIII
Vision d’oxford, le palimpseste
SEBASTIEN MALOBERTI
A travers ses dessins, posters ou constructions, Sébastien
Maloberti esquisse un univers ou l’humain est à peine suggéré. Il tire de son
atelier (réel ou générique), un corpus de formes et de motifs souvent issus des
pratiques ou matériaux qui les génèrent, et qui se développe selon un principe
de contamination, formelle et culturelle.
IN EXTENSO
Créée en 2002 à Clermont-Ferrand, In extenso se concentre
sur trois grands axes que sont l’exposition, l’édition, et un travail sur le
réseau d’art contemporain en Centre-France, par le biais de son projet La Belle Revue.
L’exposition. In extenso diffuse le travail d’artistes
nationaux et internationaux à travers une double programmation dans, et hors de
sa galerie. En centre ville de Clermont-Ferrand, l’association dispose d’un
espace de 25m2 dans lequel elle organise cinq à six expositions annuelles. La programmation Hors-les-murs
est quant à elle le fruit des partenariats qu’In extenso met en place avec
d’autres structures en France et en Europe, et de projets plus ponctuels. Elle
représente entre trois et quatre projets par an.
Depuis 2005, l’association édite régulièrement des
catalogues d’expositions ainsi que des projets plus spécifiques comme des
brochures ou livres d’artistes. Cette activité est également renforcée par l’édition
de La Belle Revue,
revue rétrospective annuelle de l’art contemporain en Centre-France.
Editée au mois de janvier dans sa version papier, La Belle Revue se décline
aussi en un site internet actualisé en permanence au sein duquel sont
référencées toutes les informations concernant les expositions d’art contemporain
sur le territoire Centre-France. En plus de l’agenda, on y trouve également les
appels à candidatures des structures partenaires ainsi que des portfolios
d’artistes.
In extenso est soutenu par la Ville de Clermont-Ferrand, la Région Auvergne, le
Conseil Général du Puy-de Dôme, Clermont Communauté, la DRAC Auvergne /
Ministère de la culture et de la communication.
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